A petites gorgées de porcelaine vive. Encore plus lentement peut-être.
Seulement elle a gardé un peu du précieux breuvage sans l'avaler. Alors je l'ai embrassée. Je suis venu boire dans sa bouche.
J'y ai trouvé de l'ébène, de l'ivoire, des incendies de forêt, des galopades effrénées, des chutes d'eau, des escalades vertigineuses, des abîmes insondables, des terres inondables, des pentes sauvages, des torrents de cailloux, des morsures animales, des lits de mousse, des retraites précipitées, des contre-attaques fulgurantes, des avalanches suspendues, des souffles coupés , des rivages apaisés, des plages nacrées, des pêches miraculeuses, des accents aigus, des peurs d'oser, des désirs inavoués, des promesses intenables, des mensonges éhontés, des mots susurrés, des mots sucrés, des mots salés…
Nous avons bu jusqu'à l'extrême liquéfaction de l'arôme, jusqu'à supposer sa sublimation subtile, son évaporation tactile, son évanouissement froissé, sa souvenance fossile.
Simplement, nous avons pris notre premier café ensemble.